Radio Radicale a perdue récemment sa voix emblématique ; le journaliste Massimo Bordin est décédé à 67 ans d’une maladie qu’il a gardé secrète pendant longtemps. Et en parallèle de la perte de celui qui avait consacré toute sa carrière à Radio Radicale, l’avenir de cette dernière est menacé.
Le 21 mai prochain, la convention qui lie la radio à l’État italien prendra fin, et ne permettra plus à Radio Radicale de toucher la somme de 8 millions d’euros par an, en échange de la diffusion des travaux du Parlement. Ainsi, elle devrait fermer.
Le Mouvement 5 étoiles, actuellement au sein du gouvernement italien, compte bien ne pas renouveler la convention et mettre un terme à la station. Chose confirmée par Vito Crimi, secrétaire d’État à l’édition, qui explique que Radio Radicale diffuse sans évaluations depuis vingt-cinq ans, et que ses missions pourraient être assurées par le service public.
Cette volonté a été vivement critiquée au sein de la gauche et par la présidente du Sénat, Maria Elisabetta Casellati. Idem dans le monde de la presse ; la revue de presse assurée par Massimo Bordin (qui pouvait durer plus d’une heure) est reprise en intérim par de grandes signatures de la presse.
Radio Radicale a été lancée sur les ondes italiennes en 1976, initiée par le mouvement du Parti Radical, qui n’avait pas recueilli la majorité des votes électoraux, mais qui a joué un rôle majeur autour de nombreux sujets de société (le droit à l’avortement, le droit à l’euthanasie, les prisons…). Très vite, l’État reconnait la station comme un média d’intérêt public. La station, qui n’a pas d’actionnaire et qui refuse la publicité, est reconnue comme diffuseur officiel des débats parlementaires et de procès d’importance historique. Elle s’est par ailleurs constituée un vaste fonds d’archives, considéré comme un « lieu de mémoire de la démocratie italienne ».
Source : Le Monde