Le projet de nouveau Contrat d’objectifs et de moyens (COM) de Radio France qui fixe le budget et les orientations stratégiques pour la période 2020-2022 ne passe pas auprès des radios privées, en pleine période de crise Covid. Et pour cause, ce projet, récemment soumis pour avis au CSA et au parlement, prévoit une suppression totale du plafond des recettes commerciales de Radio France, qui permettrait au service public un accès illimité à la publicité sur ses antennes.
Dans un communiqué commun, le Bureau de la Radio (dont font partie les radios des groupes M6-RTL, NRJ, Lagardère et NextRadio TV) le SIRTI (syndicat des radios indépendantes), Radio Classique et Skyrock font part de leur crainte de voir les recettes du service public augmenter à leur détriment alors qu’elles sont frappées par « une crise économique sans précédent » et qu’elles attendant toujours le fonds de soutien exceptionnel que leur avait promis le gouvernement. Elles rappellent par ailleurs que Radio France avait déjà dépassé le plafond fixé par son précédent COM « au mépris de ses engagements et sans aucune réaction de son ministère de tutelle ». Ce plafond est actuellement fixé à 42 millions d’euros de recettes publicitaires annuelles. Les radios privées s’étonennt par ailleurs de ne pas avoir été consultées au préalable concernant ce déplafonnement.
Le sujet fait également débat au Sénat : la commission de la culture avait donné un avis défavorable sur ce projet de COM 2020-2022 qu’il jugeait conséquent pour les radios privées et en pleine rupture avec les engagement pris envers elles. Le CSA, quant à lui, y à répondu favorablement, mais tient à rappeler au gouvernement le besoin de « préserver les équilibres concurrentiels sur le marché publicitaire ».
A Radio France, la réponse ne s’est pas faite attendre. Selon La Lettre Pro de la Radio, le groupe rappelle que le chiffre d’affaires publicitaire de Radio France ne représente que 3% du chiffre d’affaires total, et que la publicité, qui ne concerne que 3 radios sur 7 (France Inter, France Info et France Bleu), reste très modérée à Radio France, qui n’a pas accès à une grande partie des annonceurs des radios privées. Le groupe public ajoute que, face à une baisse des ressources publiques qui lui sont attribuées ces dernières années, elle est menée à réaliser des économies importantes.