Le podcast devient un phénomène incontournable. Outil devenu indispensable à l’heure des smartphones, il permet de retrouver en replay à tout moment ses émissions préférées qu’on n’aurait pas eu le temps d’écouter sur le support traditionnel. Mais depuis quelques années, le podcast permet de développer de nouveaux contenus totalement inédits, avec une liberté de création et de temps que l’on n’aurait pas forcément sur une diffusion « linéaire ».
Les podcasts natifs se sont ainsi démocratisé, de manière indépendante ou via des plateformes spécialisées (Arte Radio, Binge Audio, Majelan ou Sybel, entre autres), et qui font de plus en plus parler d’elles. Un festival annuel a été également lancé l’an dernier à la Gaité Lyrique, le « Paris Podcast Festival », une première dans le genre. Face à ces évolutions, la radio traditionnelle se lance aussi de plus en plus dans la création de podcasts natifs, en faisant appel à leurs talents maison.
Radio France s’y intéresse beaucoup, avec la mise en place depuis un an du « Bar à podcast », un espace d’échanges et de pratiques avec des professionnels de l’audio, avec une masterclass suivi d’ateliers. Cela afin de favoriser la création et le développement d’une « culture commune autour du podcast à Radio France ». Et les radios publiques n’en manquent pas, avec du côté de France Inter une série de contes pour enfants narrées par Delphine de Vigan, Alain Mabanckou et Guillaume Meurice (« Une histoire et… Oli »), « Les odysées » pour les 7-12 ans, ou encore « Intérieur Queer », premier podcast LGBT+. France Culture, de son côté, développe en podcast la création, avec fictions et documentaires. Guillaume Erner, producteur de la matinale, propose aussi chaque semaine une analyse de l’échec dans « Superfail ». Des idées très originales et diversifiées.
Le scénario est le même du côté des radios privées. Avec le label « Europe 1 Studio », Europe 1 cherche à toucher un autre public, plus jeune et de niche, qui n’écoute plus la radio traditionnelle. Lancé il y a un an, Europe 1 Studio a développé plusieurs podcasts qui ont eu du succès, notamment « 3h56 » où des personnalités racontent leurs souvenirs du jour où l’homme a posé le pied sur la Lune, « L’envol » qui raconte des témoignages de personnes ayant totalement changé de vie, et plus récemment « Mon client et moi », un nouveau podcast centré sur les avocats qui racontent une affaire marquante de leur carrière. Claire Hazan, directrice d’Europe 1 Studio, annonce avoir encore plein d’idées, dont un autour de la création de jeux vidéos cultes, et un autre en collaboration avec Paris Match. Pour elle, « Le podcast est une façon de continuer à faire de la radio, mais de la manière dont elle est consommée aujourd’hui, et dont elle sera consommée demain ».
RTL a suivi le mouvement ensuite, un peu plus tard, avec le lancement de « RTL Originals » fin mai. Là aussi, les thèmes abordés sont large, et menés par les voix maison, ainsi que celles de la chaîne mère M6 ; Mac Lesggy se lance ainsi au micro pour une version audio de son émission « E=M6 ». On y retrouve aussi Alain Duhamel pour l’histoire de notre République, ou encore Philippe Corbé, correspondant à New York, pour une lettre d’Amérique.
Coté musicales, NRJ s’y est aussi mise, notamment l’an dernier à l’occasion d’Halloween autour des coulisses du film « Halloween » ressorti au cinéma. Virgin Radio vient de son côté de reprendre l’émission « Les colocs », auparavant diffusée sur la webradio VL, et animée chaque semaine par un trio de filles dont Ginger, co-animatrice du Virgin Tonic.
Preuve qu’avec le podcast natif, les radios explorent de nouveaux terrains de création, avec parfois un peu d’audace qu’elles n’auraient pas sur la bande FM. Ou pour offrir des bonus, comme le fait Fun Radio en proposant un quart d’heure bonus de son morning, « Bruno dans la radio », chaque matin à partir de 10h. Un quart d’heure durant lequel l’équipe s’en donne à cœur joie, et sans filtre ni contraintes de la FM. Un « bonus » qui rentre aussi dans une stratégie de présence sur le digital, très consommé par les jeunes. Normal donc que les radios jeunes aillent y chercher leur public.
Et il y a les radios qui choisissent de retirer des émissions de leur grille pour les basculer en podcast natif. Radio Classique a par exemple basculé depuis la rentrée son émission d’interview « Passion classique » en podcast natif. L’autre exemple auquel on pense aussi est celui de « De quoi j’me mail », l’émission hi-tech de RMC qui a quitté l’antenne en 2009 pour le podcast. Un des précurseurs…
RMC, justement, vient de lancer une série de podcasts d’une demi-heure spécialisés sur des sports précis : E-sport, running, golf, basket, combats, cyclisme… Et sont diffusés également sur les ondes avec un créneau dédié à minuit. Le podcast peut-il ainsi faire sens inverse et servir une grille de programmes de la radio traditionnelle, dont beaucoup critiquent parfois un manque d’innovations ? En tout cas, RMC en a profité en passant pour remettre sur les ondes « De quoi j’me mail » le dimanche matin à 6h. Des podcasts sur les ondes, mais a des horaires trop ou peu tardifs. A une époque, Le Mouv’ avait fait de même en retirant « Allô la planète » d’Eric Lange de l’antenne pour la continuer en podcast natif, et la programmer ensuite à l’antenne… à 1h du matin !