La période est de plus en plus délicate pour les radios associatives. Plusieurs d’entre elles souffrent de difficultés financières, et dépendent en grande partie des subventions, le FSER en tête (Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique, versé par le ministère de la culture), et sans publicité à l’antenne. Et face à cette crise, elles sont plusieurs à lancer un appel aux soutiens.
RADIO SAINT-AFFRIQUE ET RADIO LARZAC
Dans l’Aveyron (Midi-Pyrénées), Radio Larzac et Radio Saint-Affrique ont du mal à assurer une pérennité de leur modèle économique, avec un budget annuel d’environ 140 000 euros. Radio Saint-Affrique est née en 1981, en plein essor des radios libres, à la suite des luttes des années 70 pour sauver les terres agricoles alors qu’un camp militaire devait s’étendre, tandis que Radio Larzac a été lancée en 2008, à la suite du rassemblement « Larzac 2003 ». Les deux radios ont vu au fil des années les aides diminuer. Pour Radio Saint-Affrique, le trou en 2016 est de 20 000 euros. Conséquence : un animateur quitte l’équipe, et une série d’actions de soutien est lancée auprès des habitants et des auditeurs. Pourtant, la radio a tentée de se diversifier depuis quinze ans avec des formations radio visant les jeunes, et également une soirée de soutien et appel aux dons. La radio a récoltée 10 000 euros, mais ce n’est pas suffisant pour sauver la radio selon Mathieu Riffaud, président de l’association, qui quittera ses fonctions « épuisé » fin mai.
Pour Radio Larzac, même constat, bien que l’association ait reçue de nombreuses aides dès son lancement en 2008. Selon Nicolas Wörhel, qui fait partie des 4 salariés, le modèle est à revoir : « On vendait des émissions, on intervenait dans des festivals, lors d’ateliers avec des scolaires, et on s’est lancés aussi dans la formation avec notre savoir-faire dans les logiciels libres ». La radio va également déménager pour s’installer à Millau, au risque de tourner une page : celle d’une présence historique sur le plateau. Mais cependant nécessaire pour espérer viser une population plus dense, et nouer des partenariats économiques avec la mairie.
Pour les 2 radios qui assurent un rôle de service public et social de proximité, ce programme de qualité à un coût, qu’elles ne peuvent plus assumer. Un constat d’échec difficile…
RADIO GRENOUILLE
Du côté de Marseille, Radio Grenouille, associative historique de la ville reconnue pour ses programmes culturels, citoyens et musicaux avait lancé le 20 avril dernier une campagne de financement participatif, qui s’est terminé le 20 mai dernier. La aussi, même constat : les finances sont en baisse, et 4 000 euros ont déjà pu être réunis par le biais de mécènes, sachant que la radio refuse la publicité. La radio à pu aussi faire des économies de 40 000 euros en faisant de l’auto-diffusion avec Radio Galère, autre associative marseillaise, et en coupant la masse salariale avec suppression de trois postes.
Avec le financement participatif, Radio Grenouille espérait récolter 10 000 euros. La bonne nouvelle, c’est que ce cap a été atteint, permettant ainsi à la radio et ses 10 salariés à continuer d’émettre encore quelques années.
NEW’S FM
Autre radio à compter sur le financement participatif pour assurer son avenir, New’s FM à Grenoble, présente sur la FM locale depuis 1991. Alors que la radio voit ses aides baisser depuis trois ans, elle a lancée un appel pour récolter 6 000 euros d’ici une quinzaine de jours via la plateforme Ulule, pour compenser le trou à compenser. Son directeur, Farid Boulacel, rappelle que New’s FM a été lancée suite au constat que « les médias relaient trop peu les actions positives qui émergent des quartiers populaires », et que sa radio donne la parole « à ceux qui ont du mal à la faire entendre », des jeunes jusqu’aux détenus, en passant par des ateliers scolaires et sociaux.
Avec cet appel, New’s FM compte également revoir son identité et mettre en place de nouvelles actions (ateliers et débats notamment). 40% de la somme récoltée servira à pallier les baisses de financements. La radio rajoute qu’en cas de dépassement du seuil visé, elle pourra financer un emploi en CDD pour permettre le retour d’une matinale dans sa grille.
Les radios citées ici sont loin d’être des cas isolés. C’est le média radiophonique associatif qui est menacé en général. Ces dernières années, une quinzaine d’entre elles ont déjà du mettre la clé sous la porte et éteindre les émetteurs, faute d’avoir pu trouver des solutions financières…
Sources : Le Monde, La Provence, Place GreNet