Gonzague Saint-Bris s’est éteint à 69 ans cette nuit à Saint-Hymer (Calvados) dans un accident de voiture. Écrivain, il était auteur d’une cinquantaine de livres, majoritairement biographiques, ou il retraçait la vie du marquis de Sade, du marquis de Lafayette, de François 1er, ou encore d’Alfred de Musset. Son prochain livre, prévu fin août, retracera les parcours de personnages célèbres comme Cyrano de Bergerac ou Lord Byron.
A la vingtaine, il démarre une carrière de journaliste à la fin des années 60, d’abord au Maroc à « La vigie marocaine », puis à Tours à « La Nouvelle République ». Il publiera ensuite plusieurs chroniques et critiques littéraires au « Figaro » et « Elle ». Son parcours l’amènera à la radio, ou il présentera dès 1975 sur Europe 1 l’émission « Ligne ouverte » chaque nuit entre minuit et 1h. Ce fut alors parmi les toutes premières émissions de confidences nocturnes. Gonzague avait alors 27 ans, et allait très vite devenir le confident de nombreux auditeurs, quels que soient les profils. Certains étaient même propices à des moments de radio insolites, comme lorsqu’un soir, un cambrioleur appelle pour se confier alors qu’il est en plein cambriolage.
« Ligne ouverte » durera 5 saisons, avec un passage en hebdomadaire le lundi sur la saison 1978-79, Gonzague présentant les autres jours une autre émission, « Longue distance ». Elle aura fait des émules, avec notamment « Allô Macha » sur France Inter dès 1977.
Après Europe 1, Gonzague Saint-Bris profitera des radios libres pour créer sa radio, Radio Mégal’O en juillet 1981. D’après le magazine « FM News » de janvier 1991, il aurait été le premier a être informé par François Miterrand de l’autorisation de la publicité sur les radios libres, lors d’un voyage à San Francisco. A ce sujet, il ajouta : « Je regrette que la créativité se soit épuisée au profit du « presse bouton ». L’aventure était merveilleuse à ses débuts. Il s’agissait d’une bataille juridique, démocratique, sociologique, technique et artistique ! Aujourd’hui la facilité musicale a tué la parole et la fantaisie. Que reste t-il de nos radios ? Je crois en la voie de l’âme, la voix de l’âme ».
En 1983, il crée le festival du film de Cabourg, ainsi que le festival littéraire « La forêt des livres » en Touraine. Il devient chargé de mission au ministère de la Culture et de la Communication (1986-88), puis directeur de la stratégie et du développement du groupe Hachette Filipacchi Médias de 1987 à 2001. Côté presse, il sera directeur et propriétaire du magazine « Femme », et signa plusieurs chroniques pour « Paris Match », notamment lors d’évènements en lien avec les familles royales ou princières.
Son décès survient le lendemain d’un autre ; celui de Christian Millau, mort le 5 août dernier. Fondateur du guide gastronomique « Gault et Millau », il était aussi une voix d’Europe 1, ou il avait officié durant 26 ans.