Va t-il y avoir de nouveaux bouleversements dans le paysage radio de demain ? Le CSA a validé cette semaine une nouvelle méthode de calcul de la couverture des réseaux nationaux. Résultat : tous les grands groupes privés se retrouvent désormais en dessous de la limite de personnes touchées fixées par la loi du seuil anti-concentration, comme indiqué précedemment lorsque la nouvelle méthode de calcul a été découverte et examinée. Pour rappel, cette loi interdit à chaque groupe d’avoir une couverture nationale au delà de 150 millions de français, en cumulant celles des radios de chaque groupe.
Conséquences : tous les groupes (RTL Group, Lagardère Active, NRJ Group, NextRadio…) peuvent demander de nouvelles fréquences pour agrandir leur zone de couverture, voire même racheter d’autres radios. NRJ avait déjà tenté le coup quelques mois plus tôt en proposant de racheter Virgin Radio à Lagardère. A l’heure actuelle, aucune radio n’est à vendre, mais il n’est pas impossible de voir des réseaux « en voie de développement » comme Ouï FM, Radio FG ou Nova tenter de gagner de nouvelles fréquences. Ouï FM avait déjà absorbée La Radio de la Mer, et Nova avait repris la bordelaise Sauvagine, qui reprend ses programmes, à l’exception de l’après-midi. En revanche, les réseaux nationaux ne pourront pas racheter des radios régionales indépendantes (de catégorie B).
Pour le CSA, la validation de ce nouveau calcul n’est pas un moyen de favoriser un mouvement de concentration. « Je ne vois pas pourquoi on refuserait le progrès. Cette nouvelle méthode n’a pas été choisie pour favoriser tel ou tel groupe. Elle est plus précise, conforme aux recommandations de l’UIT (Union internationale des télécommunications, NDLR) et agréée par l’ANFR (Agence nationale des fréquences, NDLR). C’est uniquement pour cela que nous l’avons choisie », explique Patrice Gélinet, membre du CSA en charge de la radio, aux Echos.
Le CSA communiquera ses préconisations sur l’évolution du seuil anti-concentration dans les prochains mois au gouvernement. Du coté des concernés, NRJ Group a félicité cette décision du CSA dans un communiqué, en déclarant que « dans un univers très fortement concurrentiel et en mutation rapide, cette décision doit permettre à l’ensemble des acteurs de la filière radiophonique de croître et d’envisager la poursuite indispensable de leur développement tout en garantissent la pérennisation de leur activité« .
En revanche, le SIRTI, syndicat des radios indépendantes, voit cela d’un mauvais oeil, et estime dans un communiqué que « Le CSA prend ainsi le risque d’ouvrir immédiatement un épisode de concentration dans le média radio, en se privant de la seule arme qui lui permet de s’y opposer. » (…) « Qui veut acheter qui, pour mener à bien quels projets, quels effets sur l’ensemble des éditeurs et sur la dynamique du média, quels effets sur le marché, sur le pluralisme et la diversité d’un paysage radiophonique que l’on reconnaît pratiquement unique au monde ? Après que le média radio ait perdu 100 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, dans un marché marqué par le refus d’investir des acteurs placés en position dominante, quel sera l’effet d’un nouvel épisode de concentration ? On peut aussi s’interroger sur la cohérence d’une mesure en vertu de laquelle des groupes qui viennent d’obtenir 1000 fréquences FM nouvelles voient leur population couverte décliner lourdement. »